jeudi 14 avril 2011

J’ai deux amours



J’ai deux amours est une chanson qui a été composée par Vincent Scotto (1874 ou 1876-1952) sur les paroles de Géo Koger (1895-1975) et Henri Varna (1887-1969).

Elle a été interprétée pour la première fois en 1930 par Joséphine Baker (1906-1975) qui dansait auparavant mais ne chantait pas, au Casino de Paris au sein de la revue Paris qui remue. Une revue qui évoquait les colonies françaises dont l’Algérie et dont le thème avait été choisi pour coller au grand évènement qui était annoncé pour l’année d’après, l’Exposition Coloniale.



L’amnésique Histoire n’a retenu de Joséphine Baker que ses trépidations qui avaient choqué la bourgeoisie à son époque, avant d’attirer un monde fou. Peu savent qu’elle avait travaillé pour la Résistance française pendant l’occupation allemande et qu’elle avait adopté beaucoup d’enfants de différentes origines, sa tribu arc-en-ciel, qu’elle logeait dans son château des Milandes.

A lui seul, le Casino de Paris aura produit un nombre impressionnant de revues et d’artistes. Rien que pour celles qui évoquent la ville dans leur titre, il y eut Pari-ki-ri (1919), Paris qui danse (1919), Paris qui remue, Vive Paris (1933), Paris extra-dry (1946), Exciting Paris (1948), Gay Paris (1951), Sensations de Paris (1954), Désirs de Paris (1966) et Paris Line (1976).

C’est fou ce qu’on peut faire dans un seul casino. Et dire que la ville de Constantine en possédait un. J’en parle à l’imparfait car il a été détruit peu après l’indépendance. On en a sapé la structure en essayant de le modifier. A côté de l’endroit où il se dressait, un marché de plein air s’est imposé, où les fripes ont remplacé les costumes de scène. Quel spectacle ! J’espère que les Algériens arrêteront de détruire ce qui a été construit.


Entre revues d’avant et d’après 1930, il y a eu une petite place pour le Paris qui émeut le cœur de Joséphine Baker. Elle y déclara ses deux amours et la petite place se dessina en notes musicales pour séduire ceux qui savent apprécier la beauté. Parmi ceux qui savent l’apprécier, les Parisiens qui ont « livré » Paris (pas les autres villes) pour la préserver des bombardements allemands. L’attitude de ces Parisiens pourrait sembler lâche. Pourtant, elle a été courageuse et sage parce que les Parisiens ont accepté de souffrir pour ne pas léguer à leurs enfants une capitale rebâtie en « ville nouvelle » et sous laquelle s’enfouissent les ruines de son histoire. L’Histoire démontra que leur patriotisme n’en fut en rien ébréché.

Plusieurs fois reprise, notamment par Madeleine Peyroux en 2004 et par Dee Dee Bridgewater en 2005, J’ai deux amours est une chanson à succès dont sont folles les étrangères comme ces trois Américaines.


Je vous offre ici la version de la sublime Dee Dee Bridgewater (4’24’’ ; 6,04Mo). Des arrangements sont intervenus depuis la première version mais c’est magnifique. Bien entendu, le fichier est destiné à l’écoute sans utilisation à but lucratif. Bons décibels à tous.

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