lundi 6 août 2007

100 de malouf en son et en images

Constantine, le 22 déc. 2005

C.I.A.J. Constantine
Centre d’Information et d’Animation de la Jeunesse.

Evènements, thématique et calendrier pour la manifestation
‘100 ans de malouf en son et en images’


AVANT-PROJET
Par Hichem Zoheïr Achi.


Sommaire
Introduction. p. 01
Quelques remarques et recommandations. p. 02
Contenu général de la manifestation
I. Du groupement des évènements en mois et en quinzaines thématiques. p. 03
II. Concert-exposé d’inauguration
III. Expositions
IV. Mois thématiques
1. Journées d’étude
2. Ateliers-débat. p. 04
3. Tables rondes. p. 05
V. Quinzaines thématiques
1. Quinzaine des répertoires religieux et confrériques
2. Quinzaine de l’enseignement de la musique traditionnelle
3. Quinzaine des genres mélodramatiques et des danses. p. 06
4. Quinzaine des chants de femmes
5. Quinzaine des mélomanes
VI. Musicologues, chercheurs et intervenants. p. 07
VII. Déroulement des travaux
VIII. Enregistrement des travaux
IX. Concerts
X. Clôture
En marge de la manifestation
I. Collecte et archivage de documents
II. Edition d’ouvrages relatifs au patrimoine musical et artistique constantinois. p. 08
III. Contribution du CIAJ Constantine au ‘Festival du malouf 2006’
Annexes
I. Fiche technique des visites guidées
II. Fiche technique de la contribution du CIAJ Constantine au ‘Festival du malouf 2006’. p. 09
III. Tableau chronologique général des évènements de la manifestation. p. 11

A. Introduction
Pour des raisons juridiques (droits d’auteur) l’introduction signée par M. Mohamed Almi, directeur du C.I.A.J. Constantine ne sera pas publiée.
Deux sujets n’ont pas pu être abordés : le premier traitant du rôle des musiciens juifs à Constantine et le second des hommes évoluant dans des orchestres de femmes.

B. Quelques remarques et recommandations
Lorsque Mohamed Almi, directeur du CIAJ Constantine, me fit part de son intention d’organiser en 2006 une manifestation placée sous le titre ‘100 ans de malouf en son et en images’, il me chargea de l’élaboration du contenu technique de la manifestation.
Cette mission revenait à présenter ce qui suit :
Un ensemble d’évènements s’inscrivant dans les objectifs majeurs de la manifestation.
Une thématique pour chaque évènement de l’année.
Une problématique pour les études.
Un calendrier primaire de déroulement des évènements.
A partir de là, furent proposées et discutées deux propositions globales. Celle-ci en est la suite logique.
Toutefois, il m’a semblé utile, avant de passer à la proposition proprement dite, d’émettre les quelques remarques et recommandations que voici :

Lors des évènements passés consacrés aux études sur les musiques traditionnelles, à Constantine notamment, l’on a malheureusement constaté une trop grande prédominance de conférenciers versant plus dans l’événementiel que dans la musicologie dans sa dimension de « science appliquée ». Afin de redonner à cette musicologie toute sa dimension scientifique, l’on devra donc impérativement traiter de sujets sérieux où l’annonce de résultats est indispensable.
De cet impératif ne sont nullement dispensées les sciences humaines, habituellement non considérées comme branches de la musicologie, à l’exception de l’histoire, et les conférenciers y versant sont priés de faire avancer les choses. Ceci pour les conférences et les ateliers.
Quant aux autres intervenants, que l’on pourrait qualifier, à titre mélioratif, de mélomanes avertis, ils ne seront pas pour autant oubliés et auront tout loisir de s’exprimer lors de certaines tables rondes et autres évènements prévus à cet effet.
Pour toute inscription ou information, s’adresser à :
M. Mourad Djaghri,
secrétariat de la manifestation ‘100 ans de malouf en son et en images’,
C.I.A.J. Constantine,
Tél. : 031 93 51 33 ; Téléfax 031 92 52 90.

Pour les communicants, préciser sur feuille libre tapuscrite :
Nom et prénom(s) ; profession ; institution (le cas échéant) ; adresse, téléphone et courriel ; problématique(s) choisie(s) ; titre exact de la communication ; un résumé (200 à 300 mots/communication) mettant en relief la relation de la communication à la problématique choisie.

Les évènements proposés ne constituent pas une énumération exhaustive. D’autres que je n’ai, par manque de temps ou de moyens, pas proposés dans cet avant-projet, pourront l’être ultérieurement par les différents partenaires de la manifestation.

Les études concerneront l’Ecole de Constantine dans son étendue d’échelle régionale, donc sans nécessairement se limiter à la ville.

Soulignons, tout de même, que cet ensemble d’actions ne doit en aucun cas être uniquement réservé à la musique traditionnelle constantinoise. D’autres formes artistiques algériennes, quelles que soient leurs origines ou leur langue d’expression, pourront, je l’espère, faire l’objet d’un intérêt similaire dans le futur.

Hichem Zoheïr Achi.

C. Contenu général de la manifestation
I. Du groupement des évènements en mois et en quinzaines thématiques

L’idée de Mohamed Almi consiste à ce que je groupe les évènements que je propose pour l’année 2006 en genres musicaux. Ainsi donc se succéderont les mois du malouf, du zdjel, de la madha et du mahdjouz, du haouzi et du âroubi. Ils seront présentés ici par type d’évènement.
J’ai, pour ma part, suggéré des quinzaines thématiques dans le but de donner une chance à des thèmes et sujets rarement abordés dans le passé bien que loin d’être exhaustifs. En outre, ces quinzaines thématiques permettront aux non initiés et aux profanes de bénéficier d’un traitement de proximité à même de casser les barrières que certains d’entre eux perçoivent ou rencontrent. Chaque quinzaine sera présentée chronologiquement et dans sa globalité.
Les dates de déroulement sont reportées sur le tableau chronologique général de la manifestation p. 11.

II. Concert-exposé d’inauguration
· Thème de l’exposé sommaire : la nouba (sur proposition de Mohamed Almi).
· Orchestre proposé : association musicale.
· Nombre de musiciens à convier : 6 à 8, selon les dimensions de la scène.
· Nouba suggérée : selon le répertoire de l’association concernée.
· Déroulement : Exécution fragmentée des pièces de la nouba entrecoupées d’intermèdes pour explication.

III. Expositions
Expositions thématiques de photographies, de documents ou autres (comme les instruments de musique par exemple). Chaque exposition durera tout le mois, voire plus, afin d’en faire profiter un maximum de personnes. Ont été confiées à MM. Larbi Nouar, Nadji Bestandji et Slimane Gasmi, les tâches du montage et du suivi des expositions. Ces expositions concerneront aussi bien les mois que les quinzaines thématiques.

IV. Mois thématiques
1. Journées d’étude
Journée d’étude sur le malouf
· Thème général
Le malouf, genre spécifique à Constantine et partie intégrante d’un héritage commun.
· Problématique
Curieusement, peu nombreuses sont les études qui ont été consacrées au répertoire classique de l’Ecole de Constantine. L’évènement qui se présente est une occasion certaine de combler, un tant soit peu, ce vide. Il sera enfin loisible de parler des origines de l’appellation « malouf ». Des liens réels ou fictifs entre le malouf de l’Ecole de Constantine et le malouf tunisien. Des spécificités du malouf par rapport aux genres classiques sanâa et gharnati des deux autres Ecoles.

Journée d’étude sur le zdjel
· Thème général de la journée d’étude
Le zdjel, genre poétique du malouf et genre musical de la confrérie des H’chaïchia à Constantine.
· Problématique
Le zadjal (plur. azdjal), comme genre poétique, continue de constituer un objet d’étude fort abordé. A l’opposé, le zdjel (plur. zdjoul), comme genre musical, connaît un dénigrement certain. Entre zadjal et zdjel, ne faudrait-il pas marquer clairement une distinction. La confrérie des H’chaïchia, qui a totalement disparu …, n’en était-elle pas l’illustration vivante ? En proie à cette dualité et apte à reconquérir ses lettres de noblesses, le zdjel (plur. zdjoul), genre musical à part entière, attend d’être abordé avec plus de sérieux et de sérénité.

Journée d’étude sur la madha et le mahdjouz
· Thème général de la journée d’étude
Ressemblances et divergences entre la madha et le mahdjouz et les autres genres.
· Problématique
Qui est antérieur à l’autre, la madha ou le mahdjouz ? Selon certains, ils seraient tous deux antérieurs au malouf. Si cela était vrai, ne serait-il pas temps de cesser de les considérer comme genres de deuxième catégorie et de leur redonner la place qu’ils méritent ? Quels seraient leurs points communs ? Ces points communs, s’ils existent, signifient-ils qu’entre madha et mahdjouz d’une part, et malouf de l’autre, il y a eu emprunt de modes, de mélodies et de rythmes ?

Journée d’étude sur le haouzi et le âroubi
· Thème général de la journée d’étude
Le haouzi et le âroubi de Constantine, emprunts à l’Ouest ou genres à part ?
· Problématique
Une quasi unanimité est constatée quant à au rattachement de l’invention du haouzi à la zone périurbaine de Tlemcen. Pourquoi pas à la région du « Haouz » au Maroc ? Ce qui ne serait pas le cas du âroubi … Quelles sont les différences entre haouzi et âroubi ? Le fait de classer des poésies comme haouzi ou comme âroubi sur la seule base des régions dont sont originaires les poètes, n’est-il pas simpliste ? Qu’en est-il des haouzis et des âroubis de la région du constantinois ?

2. Ateliers
Atelier du malouf
· Intitulé
Rôle des praticiens et des pouvoirs publics dans la sauvegarde et la revalorisation du malouf.
· Problématique
Aujourd’hui, peu de place est accordé à la fidélité dans l’exécution des modes, des mélodies et des rythmes du malouf. Pour certains, ceci traduit la gestation d’un phénomène irréversible de déperdition qualitative de cet art. Les confréries religieuses, autrefois premiers gardiens du temple, donnent à penser qu’elles ont abandonné ce rôle. Le rôle et le comportement du mouvement associatif doivent-ils être remis en question ? Cette expression de la mémoire de la cité peut-elle survivre sans une implication effective des pouvoirs publics ? Qu’en est-il des mécènes et des mélomanes qui fixaient les critères probatoires pour les praticiens de cette musique ?
Autant de questions qui interpellent pour une réflexion sur le constat mais qui, surtout, appellent à des propositions.

Atelier du zdjel
· Intitulé
Le zdjel m’chaghal dans le répertoire classique constantinois.
· Problématique
Le zdjel connaît plusieurs formes d’expression qui diffèrent totalement les unes des autres. Le zdjel m’chaghal est certainement (avec le zdjel bouri) l’une des plus intéressantes de ces formes. M’chaghal signifie-t-il utilisé ou ouvragé ? Le zdjel m’chaghal a-t-il jamais fait partie de la nouba ? Si oui, à quelle époque ? Quelle serait sa place dans le répertoire classique constantinois ?

Atelier de la madha et du mahdjouz
· Intitulé
Le mahdjouz, ouverture de la cité ou citadinisation forcée ?
· Problématique
Une confusion certaine est constatée aujourd’hui autour de la signification du mot ? Veut-il dire « spécifique » à l’Ecole de Constantine, comme le soutenait cheikh Abdelkader Toumisiaf ou plutôt « proscrit » comme le soutient l’auteur de cette problématique ? Si le mahdjouz était réellement proscrit, l’était-il seulement à cause de ses thèmes jugés trop libertins ou également par ostracisme envers ses origines rurales ? L’introduction de la madha, qui ne serait qu’un palliatif au mahdjouz, a-t-elle été un échec ? Et par quel processus de normalisation le mahdjouz a-t-il eu raison des foyers d’écoute les plus hostiles à son égard ?

Atelier du haouzi et du âroubi
· Intitulé
Expressions musicales concurrentes et délaissement du répertoire traditionnel de Constantine.
· Problématique
Des temps que d’aucuns considèrent comme étant l’âge d’or de la musique citadine, du moins en se limitant, à fortiori, aux phases illustrées par des témoignages oraux et des traces sonores, l’absence de concurrence réelle d’autres expressions musicales exogènes suffit-elle à justifier le manque d’engouement que suscite aujourd’hui cette musique ? La modification de plus en plus rapide des origines de la composante humaine de la ville, en plus simple : la ruralisation de la ville, joue-t-elle un rôle dans cet essoufflement ? Par quel processus la ville a-t-elle réussi, dans le passé, à intégrer des genres musicaux venus d’ailleurs (comme le haouzi et le âroubi) et à faire sienne les cultures périurbaines ? Pourquoi n’y arrive-t-elle plus ?

3. Tables rondes
Table ronde sur le malouf
· Thème général
Temps et espace dans les textes poétiques du malouf.

Table ronde sur le zdjel
· Thème général
Les raisons de la disparition de la confrérie des H’chaïchia.

Table ronde sur la madha et le mahdjouz
· Thème général
La madha dans les répertoires des orchestres de femmes à Constantine.

Table ronde sur le haouzi et le âroubi
· Thème général
Le cheval et les arts équestres dans les épopées lyriques et héroïques du haouzi et du âroubi.

V. Quinzaines thématiques
1. Quinzaine des répertoires religieux et confrériques
Atelier
Modes et airs constantinois dans la récitation du Coran et dans l’Adhan.

Table ronde
Les Ouesfane de Constantine, un répertoire méconnu.
Séance d’écoute commentée (rubrique proposée par Mohamed Almi)
A déterminer.

Polémique
Les zaouïas ont-t-elles abandonné leur rôle de garants de la fidélité aux répertoires originels ?

Concerts
Hadoua ; Aïssaoua ; Rahmania ; Ouesfane ; âla (répertoire religieux).

2. Quinzaine des chants de femmes
Exposition de photographies sur fond sonore
Scènes de femmes de scène.

Projection-débat
Chants de circonstances des femmes constantinoises.

Rencontre interviews et chants live
Germes de divas.

Atelier
Orchestres de femmes à Constantine. Répertoires et techniques spécifiques de chant.

Poésie
Lectures commentées dans les répertoires de femmes.

Table ronde
Métiers féminins périphériques de la musique traditionnelle à Constantine.

Concerts
Cantatrice, bennoutat, f’qeyrat.

3. Quinzaine des genres mélodramatiques et des danses
Conférence-débat
Dimension théâtrale dans les poésies haouzi et âroubi du répertoire de Constantine.

Atelier
Danses constantinoises. Origines, styles et chorégraphies.

Table ronde
Spatio-temporalité dans l’écriture de scénarios à partir de poèmes mélodramatiques du répertoire traditionnel.

Master class
Rencontre entre professeurs de danses traditionnelles et chorégraphes de théâtre.

Projection-débat
Pièce théâtrale El Boughi.

Concerts
Répertoire mélodramatique âla.

4. Quinzaine de l’enseignement de la musique traditionnelle
Conférence-débat
Orthophonie et apprentissage et pratique de la musique traditionnelle.

Atelier
Evolution de l’instrumentarium didactique et d’orchestre et incidences sur le répertoire traditionnel à Constantine.

Table ronde
Les défis à l’exportation de la musique traditionnelle constantinoise.

Master class
Rythmique traditionnelle constantinoise appliquée à l’éveil musical.

Polémique
Peut-on moderniser la musique traditionnelle constantinoise ?

Concerts
Amis du Conservatoire de Musique ; associations musicales.

5. Quinzaine des mélomanes
Conférence-débat (Sujet proposé par M. Samri de l’INFS/CJ)
La « zaglamia », langage familier des musiciens et des mélomanes constantinois.

Rencontre des mélomanes
Rencontre avec un ou plusieurs maîtres au mythique Café-el-Goufla.

Témoignages
Rôle des mécènes et des musiciens amateurs dans l’économie de la consommation musicale à Constantine.

Master class
Initiation de mélomanes au chant choral (khmassa) dans le zdjel et le mahdjouz.

Concours
A déterminer.

Concert
Donné par des mélomanes, accompagnés (instruments et chœur) par un orchestre traditionnel.

VI. Musicologues, chercheurs et intervenants
En raison de la spécificité géographique des thèmes généraux dont il sera question, ainsi qu’en raison de l’imminence de l’évènement, je me limiterai, par pragmatisme et en fonction des délais impartis, aux chercheurs et intervenants de l’Ecole de Constantine.

VII. Déroulement des travaux
· Pour les journées d’étude (et conférences-débat)
o La durée de chaque conférence sera de 20’ et sera impérativement limitée à 30’ au plus.
o Le moyen didactique le plus demandé étant, sans doute, le vidéo projecteur, il est donc utile d’en mettre un à la disposition des conférenciers.
o Les conférences seront groupées, autant que possible, par axe thématique.
o Chaque séance de débat sera ainsi consacrée à l’axe thématique dans sa totalité.
· Pour les ateliers
Afin de préserver aux ateliers-débat leur spécificité par rapport aux journées d’étude :
o Allouer à chaque communiquant (4 au maximum/atelier) un temps de 10’ pour développer sa vision à partir de la problématique posée.
o Cibler un public d’auditeurs/participants susceptible de rehausser le débat par des interventions au niveau auquel appelle la problématique de l’atelier.
· Pour les tables rondes
o Faire appel aux témoignages autant qu’à l’analyse pour développer la problématique posée.
o Laisser libre court, dans un cadre tout de même préétabli, à l’animateur quant à la gestion du débat. Il serait indiqué de faire appel à des journalistes chevronnés.

VIII. Enregistrement des travaux
Enregistrement systématique en audio et en audiovisuel (à but non lucratif) de tous les évènements de la manifestation. Publication des actes des travaux.

IX. Concerts
Le choix des types d’orchestres à retenir pour chaque évènement tient de la volonté d’attirer l’attention de l’auditoire sur le nombre de possibilités différentes de chanter un même genre. Quant à la sélection définitive des orchestres, il en sera du ressort du CIAJ Constantine.

X. Clôture
Détails et cérémoniaux à charge du secrétariat de la manifestation.

D. En marge de la manifestation
Il sera prévu, en marge de la manifestation mais non à contrario, deux actions de nature à pérenniser le fruit des efforts consentis pour organiser et gérer l’année ‘100 ans de malouf en son et en images’. L’on trouvera également mention de la contribution du CIAJ Constantine au ‘Festival du malouf 2006’. cf. p. 08.

I. Collecte et archivage de documents
Cette action de grande envergure, et jamais entreprise jusqu’à aujourd’hui, est une initiative de M. Mohamed Almi. Dans les faits, une grande lacune réside dans l’absence d’un répertoriage complet des documents disponibles sur le patrimoine musical, et artistique en général, de la ville de Constantine. Ce qui constitue indéniablement un objet de préoccupation pour tous les citoyens jaloux de leur héritage et un frein à toute étude ayant ce patrimoine pour objet d’étude.

· Buts de la collecte
o Freiner la déperdition de témoignages relatifs au passé artistique et culturel de la ville.
o Répertorier les documents disponibles et les rassembler en un même lieu afin d’en faciliter l’usage.
o Mettre à la disposition des chercheurs et intéressés une médiathèque regroupant des informations non disponibles ailleurs.
o Puiser dans cette médiathèque pour informer continuellement la population juvénile et la relier à son histoire.

· Objets concernés par la collecte
o Les enregistrements sonores et audiovisuels.
o Les travaux antérieurs non diffusés (articles de presse, interviews, publications, communications, etc.).
o Les documents écrits de toute sorte (correspondances, actes, etc.).
o Les iconographies.
o Les recueils de textes poétiques.
o Les notes biographiques de familles d’artistes.
o Autre (instruments de musique ou objets personnels par exemple).

· De la propriété morale
En prévision des réticences et appréhensions que pourraient susciter cette action auprès des collectionneurs, il est important de rappeler que le CIAJ Constantine se porte garant des objets prêtés ou donnés. En plus, pour tout objet prêté ou donné, il sera obligatoirement fait mention de son origine.

· Traitement des documents
Le traitement des documents collectés (identification, numérisation, retouche et stockage) sera assuré par les techniciens du CIAJ Constantine et avec ses moyens. Toutefois, une aide matérielle et/ou logistique pour l’acquisition des équipements informatiques d’acquisition et de duplication adéquats sera indispensable.

· Archivage et mise à disposition
De par la nature même de la mission du CIAJ Constantine, ce dernier mettra les objets collectés et traités à la disposition des chercheurs et intéressés. Ceci dans les conditions qui assureront leur préservation.

II. Edition d’ouvrages relatifs au patrimoine musical et artistique constantinois
Il s’agit de promouvoir la publication d’ouvrages ou de livres traitant du patrimoine musical ou artistique de Constantine. Ces ouvrages qui sont achevés ou en cours d’achèvement devront être disponibles dans leur 1ère édition au courant de l’année 2006. Afin d’optimiser leur efficience, je suggère de les faire paraître en septembre. En plus de correspondre à la rentrée sociale, scolaire et universitaire, cette période se situera entre le dernier « mois » de la manifestation et sa clôture.
Une fiche technique de cette rubrique sera établie aussitôt répertoriés les ouvrages à promouvoir.

III. Contribution du CIAJ Constantine au ‘Festival du malouf
2006’
Soucieux de contribuer à la réussite du ‘Festival du malouf 2006’ organisé par la Wilaya de Constantine, le CIAJ propose d’organiser, en marge de ce festival, un colloque sur le malouf, des master class et des tables rondes. cf. fiche technique p. 09.

E. Annexes
I. Fiche technique des visites guidées
‘100 ans de malouf en son et en images’

Des objectifs des visites guidées
o Réconcilier, un tant soit peu, les artistes et les citoyens avec les lieux de la mémoire de la ville.
o Lier les thèmes d’étude de l’année, qui relèveront de l’abstrait pour les non-initiés, avec quelques unes de leurs manifestations spatiales.
o Infirmer l’idée, faussement répandue, selon laquelle l’Imam Ibn-Badis aurait combattu toutes les zaouïas. En réalité, il n’en avait combattu que quelques unes.

Du choix des lieux à visiter
D’autres hauts lieux de l’histoire de la ville pourraient être énumérés. Malheureusement, beaucoup d’entre eux sont en état de vétusté avancé, ce qui rend difficile, voire impossible, leur visite. Les lieux que j’ai proposés sont tous d’accès facile et rapide. Ils répondent, par ailleurs, assez bien aux objectifs visés.


a. L’ancien siège de la zaouïa Hansala, Er-r’cif.
C’est la zaouïa Hansala qui, en 1926, a accueilli Ahmed Bestandji (1875-1946), un des plus grands maîtres du malouf et rassembleur de patrimoine au sein de cette confrérie. Aujourd’hui, la confrérie Hansala a disparu de Constantine.

b. Le foundouq de sidi-G’souma, Rahbet-es-souf.
Sidi-G’souma était le patron des h’chaïchia de Constantine. Ce foundouq était un des lieux privilégiés pour leurs rassemblements publics.

c. Le tombeau de sidi-Mabrouk, La-remonte.
Le répertoire des madha compte une profusion de poésies panégyriques. Sidi-Mabrouk est l’un d’eux et l’on a tous entendu, un jour, les f’qeyrat, louer sa baraka. Mais si les deux lieux précédents sont la matérialisation d’un oubli collectif du patrimoine culturel de la ville, le tombeau de sidi-Mabrouk, lui, est quasiment inconnu des constantinois.

II. Fiche technique
Au titre de la contribution du CIAJ Constantine au ‘Festival du malouf 2006’

Sollicité par M. Mohamed Almi pour proposer une fiche technique relative à la contribution du CIAJ Constantine au ‘Festival du malouf 2006’, j’ai débattu avec lui le type de contribution en question et recueilli ses propositions quant aux thèmes pouvant faire l’objet de rencontres d’étude. Suite à cela voici ce que je propose.

Contribution du CIAJ Constantine

· Expositions
o Objets personnels de l’Imam Ibn-Badis. Collection Abdeslem Benbadis.
o Photos et coupures de presse. Collection Abdeslem Benbadis.

· Visite du tombeau de l’Imam Ibn-Badis
Famille Benbadis et Association des Uléma.

· Colloque sur le malouf
o Thèmes généraux (proposés par Mohamed Almi)
1. Compatibilité/incompatibilité des instruments à frettes avec l’orchestre de musique andalouse.
2. Transcription de la musique andalouse entre nécessité et défis.
3. Lectures critiques dans les influences subies par la musique andalouse.
o Dates et horaires
Du lundi 17 au mercredi 19 avril 2006, matin et après-midi.
o Déroulement
Les modalités restent inchangées. cf. § Déroulement et § Enregistrement p. 9.
o Chercheurs dont la contribution est à solliciter
Fort de la confortation de M. Mohamed Almi par les autorités exécutives de la Wilaya de Constantine, il paraît opportun d’élargir la liste des chercheurs à convier. Ceci en veillant à soigneusement sélectionner ceux dont les centres d’intérêt convergent vers le thème majeur du festival, à savoir le malouf.
o Durée du colloque
Au regard des thèmes proposés et du nombre de participants potentiels, je prévois trois (03) jours de durée totale.

· Master class
o Thèmes et objectifs
Les thèmes des master class sont, de préférence, à assujettir aux thèmes généraux du colloque. Par ailleurs, un des objectifs des master class sera de mettre en pratique ce dont on aura traité théoriquement lors du colloque.
Des thèmes généraux du colloque, les thèmes dérivés suivants peuvent être extraits :
1. Limites pratiques des instruments à frettes dans l’exécution des gammes de la musique andalouse.
2. Problèmes pratiques dans la transcription de la musique andalouse.
3. Illustrations instrumentales des influences de styles subies par la musique andalouse.
o Participants
La liste des participants est, bien entendu, à arrêter ultérieurement. Les types de participants ciblés sont indiqués par souci d’efficience.
o Déroulement
Les participants aux séances de master class doivent, en principe, être accompagnés de leurs instruments de musique et du nécessaire à la prise de notes. Toutefois, il sera laissé libre cours aux animateurs d’établir les conditions dans lesquelles ils entendent professer.
o Date et horaire
Jeudi 20 avril 2006, le matin.

· Table ronde
o Thème général
Rapports de Ibn-Badis avec le mouvement artistique à Constantine. Coexistence cordiale ou cause(s) commune(s) d’engagement ?
o Date et horaire
Jeudi 20 avril 2006, l’après-midi.

· Lieux de déroulement
Ils seront nécessairement laissés aux soins des organisateurs du festival. Mais si le lieu retenu pour la table ronde est à fixer sans contrainte, il est à noter que les master class sont rarement programmés dans de grandes salles.

· Enregistrement du déroulement du festival
Pour des besoins propres à la mission du CIAJ Constantine, à but non lucratif et sous réserve d’autorisation des organisateurs.

III. Tableau général des évènements de la manifestation

A caractère récapitulatif.

mercredi 25 juillet 2007

La dynamique comme postulat pour la musique savante andalou maghrébine

Par Hichem Zoheïr Achi, chercheur.
3ème Forum de la Musique Savante Maghrébine, 30 sept. 2004 à Constantine.

Lorsqu’on se passionne pour un domaine technique, en l’occurrence les toubou’ de la musique savante andalou maghrébine l’on se heurte à un refus teinté d’une filigrane d’ignorance dissimulée avec peine et l’on se rend compte que la conception même de cette musique est erronée chez la majorité des intéressés.
On est alors contraint de marquer une pause afin de tenter de casser les tabous, frein à tout travail de recherche sensé devoir être sereinement mené.
Aujourd’hui encore je m’attaque à l’idée de ‘‘staticité’’ de cette musique, me limitant, par souci de brévité et d’efficacité, à l’Ecole de Constantine comme terrain d’étude.
Tenter de casser cette staticité revient à démontrer son phénomène inverse : la dynamique.

I Dynamique de la musique
M’intéressant surtout au malouf (ou à ses équivalents dans les autres Ecoles du Maghreb), je me limiterai à la nouba comme terrain d’étude.
En effet, d’autres genres musicaux, notamment ceux originellement accompagnés seulement des percussions et de la khmassa (chœur), ont été progressivement adoptés par l’orchestre classique âla.
C’est le cas des zdjoul et des mhadjez.

II Dynamique de la nouba
Par dynamique nous entendons que telle qu’elle nous est parvenue, la nouba est différente de ce qu’elle était en Andalousie.

II.1 Dans sa structure poétique
1. La poésie arabe classique s’est vue concurrencer et supplanter par le mouachah, structure poétique qui a révolutionné la musique andalouse.
2. Quasiment de même à l’arrivée du zadjal. Ceci n’est pas une litanie, ces deux genres poétiques mis côte à côte permettront d’émettre des hypothèses sur la genèse la plus logique du terme malouf.

II.2 Dans le type de noubas
La nouba des mouashahate et la nouba malouf
Malouf est une appellation qui, pendant longtemps, a été le sujet d’une polémique dont la relance ne sera pas exclusivement le propos.
A la base des dissensions : les deux racines possibles en arabe.

· Une première hypothèse selon laquelle malouf signifierait : habituel.
Elle se base sur le fait que malouf est un adjectif du verbe arabe alifa qui signifie : s’habituer, apprivoiser.
Constituée, à l’origine, de mouachaĥate et de poèmes classiques, la nouba, en intégrant le zadjal, genre moins noble, aurait été altérée.
Le terme malouf aurait alors été employé pour distinguer entre les deux genres poétiques.

· Une deuxième hypothèse, selon laquelle malouf signifierait : composé, ne se basant pas sur la langue. On a vite fait de l’abandonner car le verbe arabe allafa (litt. : composer, concilier) a pour adjectif : mouallaf et non pas malouf.

· Une troisième hypothèse que j’ai émise antérieurement avait été dictée par la variété des genres musicaux à Constantine : devant l’apparition de nouveaux genres tels le ăroubi, le ĥawzi, le maĥdjouz (apparu vraisemblablement avant la nouba mais ne gagnant l’auditoire citadin musulman qu’à partir des années 1940), la distinction s’imposait.
L’appellation malouf signifiant : habituel, aurait alors été adoptée.

· Enfin une quatrième hypothèse me paraît maintenant être la plus plausible.
Après la chute de Séville (1248), de Jerez (1264) et de Cadix (1264), Grenade était le dernier bastion andalou encore aux mains des musulmans (l’expulsion définitive des morisques n’ayant eu lieu qu’au début du XVIIè).
Les musulmans et le les juifs qui tentaient de rester, advienne que vaille, s’y réfugièrent (1), arrivant de toutes les contrées de la péninsule ibérique.
Un style composite y vit le jour, fruit de la rencontre de toutes les Ecoles musicales encore représentées.

Le terme malouf aurait alors été adopté pour distinguer entre suite de mouachaĥate et suites composites de mouachaĥate et azdjal qui sont les noubas classiques constantinoises actuelles, exceptées les noubas des enqlabat (2).
Cette distinction est d’ailleurs inlassablement rappelée dans tous les recueils de textes tunisiens et libyens (3).

A noter au passage que malouf désigne également un oiseau métis : le malinois.

Cette hypothèse, si elle était vérifiée, bousculerait bien des idées acquises sur la formation du répertoire de l’Ecole de Constantine et, peut être même, celui des autres Ecoles du Maghreb.

Ceci pourrait induire qu’une partie plus ou moins importante du répertoire constantinois n’aurait été acquise qu’entre la fin du XVè –JC- et le début du XVIIè...

Ceci me tente de penser, par la même occasion, que ce terme n’est apparu qu’après les fuites massives des andalous vers le Maghreb.
S’il était apparu avant, il serait probablement encore usité dans les autres Ecoles.

Constantine, à l’instar de la Tunisie et de la Libye, étant la seule Ecole algérienne à désigner ce genre par ce nom, on pourrait s’aventurer à situer son apparition vers l’époque Hafside (1229-1534).

Par ailleurs, Séville à laquelle on rattache habituellement l’Ecole de Constantine en se référant aux descriptions de Tifachi (4), est tombée en 1248. Ce qui voudrait dire que la nouba était déjà connue à cette époque et que le style composite en question aurait commencé à venir, deux siècles et demi plus tard pour se poursuivre pendant cent vingt ans environ. Prenant tout de même en compte le ralentissement (ou l’arrêt…) occasionné par les troubles qui ont suivi la prise de Constantine par les Ottomans (5).
Rénovation peut être mais certainement enrichissement du répertoire classique constantinois.

II.3 Dans l’organisation de ses mouvements
1. Les mouvements (certains ethnomusicologues préfèrent plutôt parler de rythmes) de la nouba, vraisemblablement trois à l’origine, passèrent au nombre de quatre : ath-thaqil-al-awwal, ath-thaqil-ath-thani, al-fouroudacht et al-hazadj. Dans certains types de noubas, on en rajouta un cinquième : al-moustazad.

3. Les noms des cinq mouvements furent rebaptisés (ou remplacés par) respectivement : mçaddar, btaïhi, dardj, ensraf et khlass.

II.4 Dans son instrumentarium et dans la vocation de ses instruments
1. Des instruments ont totalement disparu, comme le sabati, al-djanah ou al-shabbab (qui n’est pas le djaouaq actuellement utilisé à Constantine).
2. D’autres ont été intégrés bien après, tels la derbouka, les violons et la zorna. Cette dernière ayant été tolérée dans l’exécution de certaines pièces du répertoire classique.

3. D’autres, enfin, ont vu leur vocation originelle muter. C’est le cas du rebeb qui a progressivement cédé sa fonction rythmique à la derbouka pour grossir, quant à lui, le rang des instruments mélodiques.

II.5 Dans le nombre de noubas
Parler de la dynamique dans le nombre de noubas nous amène forcément à un passage obligé : les vingt quatre noubas.

Le mythe des vingt-quatre noubas
Il est aujourd’hui communément admis qu’il y avait en Andalousie vingt quatre noubas qui correspondaient aux vingt quatre heures du jour et de la nuit.
Cette théorie, si s’en était une, est largement inscrite dans la conscience collective des communautés artistiques maghrébines et même chez les non maghrébins qui s’intéressent un tant soit peu à cette musique.

Si une étude critique et rationnelle de ce sujet est faisable, remettre en question la théorie, dans une société de culture orale, reste par contre assez difficile à réaliser au sein d’une communauté musicienne largement annihilée par l’oralité et conséquemment léthargique.

Ce mythe a été en fait étayé par quelques orientalistes, notamment les travaux de Jules Rouanet qui, vraisemblablement confronté au manque cruel d’écrits sérieux sur ce sujet, a dû se limiter à la version donnée par les ‘’maîtres’’ consultés pour les besoins de son étude, elle-même partie de l’Encyclopédie de Lavignac (6).

Cette théorie est totalement infondée et il suffit de se pencher sur certains éléments dont les suivants :

1. Dans les tous les anciens ouvrages où il est cité, le chiffre vingt quatre n’est jamais associé aux noubas mais aux toubou’, la nuance est de taille. Jules Rouanet ayant été le premier à franchir, un peu trop facilement, ce pas.

D’ailleurs, il suffit de dire que le tab’ Saïka (par exemple) ne figure pas sur ledit arbre symbolique.

2. Le terme Saâ (litt. : heure, moment), aussi bien dans l’arabe classique que dialectal, peut prendre plusieurs sens, tous relatifs au temps mais signifiant des durées différentes.

3. La durée relative d’exécution d’une même nouba, si l’on se conforme à son thème, varie d’une saison à une autre. Le cas le plus illustre est certainement celui de la nouba raml-al-kabir (raml-al-âchya à Tlemcen) qui serait exécutée du milieu de l’après-midi jusqu’au crépuscule du coucher du soleil. La variation relative de cette durée entre les deux solstices et les deux équinoxes jette un sérieux doute sur ladite théorie.

C’est également le cas d’une non moins prisée nouba constantinoise : la nouba Maya-açl (7).

4. Si l’on se fie à cette même théorie, certaines noubas n’auraient étaient exécutées que pendant le déjeuner, le dîner, les prières, le sommeil et autres activités de la vie quotidienne, activités certes banales, mais tout aussi indispensables que la musique.

Cela reviendrait à dire, en somme, que la vie en Andalousie se résumait à la pratique ou à l’écoute musicale, ce qui serait ridicule si l’on connaît l’ampleur du legs andalou à l’humanité, aussi bien artistique que scientifique ou philosophique.

Après cela, il commence déjà à être suffisamment clair que le nombre de noubas n’a jamais été définitivement fixe, même s’il est aisément pensable qu’il devait être, à l’apogée de la civilisation andalouse, beaucoup plus important qu’il ne l’est aujourd’hui…

II.6 Dans les toubou’
Les toubou’ sont également concernés par la dynamique.
Et pour cause :

1. Le nombre de toubou’ a changé. Dans l’arbre symbolique des toubou’, il est de vingt quatre (à noter que ce nombre est admis non pas seulement à Constantine mais dans tout le Maghreb).
J’ai pu en répertorier 29 à Constantine (8), rien que dans le répertoire classique.

2. Certains toubou’ ont disparu ou presque, c’est le cas du rahawi et quand je parle du rahawi j’invite les théoriciens et les praticiens à ne plus confondre entre rahawi, nahawend et nawa-athar (9), comme c’est le cas aujourd’hui.

3. D’autres ont connu une mutation due aux défaillances de la transmission orale ou à une interprétation altérée (parfois même volontairement dans un souci de non-divulgation des connaissances) de la part de certains ‘‘maîtres’’. D’autres encore ont été introduits ultérieurement.

Le cas du djarka à Constantine est assez édifiant. On n’en connaît plus que quelques draj et quelques ençrafat que j’ai présentés et exécutés à la radio locale (10).

Ce tab’ a pour tonique le FA (si l’on admet par simplification que dheïl correspond à DO) qui s’appelle d’ailleurs djarka et non pas mezmoum, la note mezmoum n’existant pas. Les écarts entre les stations de ce tab’ ont été altérés. En fait, descendant jusqu’au DO avant de revenir à sa tonique, il s’est vu fixer le MI bécarre (qui n’y était même pas admis en tant qu’altération) au lieu du MI bémol.
Résultat : un air beaucoup plus proche du dheïl que du djarka et une classification à part, nécessairement erronée.

Conclusion
Si l’on admet le postulat de la « dynamique de la musique savante andalou maghrébine » on se dirigera vers un tournant dans la recherche.

De fait, les témoignages vivants, cesseront de constituer la quasi-totalité des références. Ce qui marquera la fin du règne exclusif de l’oralité pour un… retour à l’écrit comme au temps des splendeurs de l’Andalousie.

Car, finalement, n’est-ce pas là ce que nous recherchons tous ?

Notes
(1) L’expulsion définitive des morisques n’ayant eu lieu qu’au début du XVIIe.
(2) Un type de noubas a relativement échappé à cet engouement pour le mélange : la nouba des enqlabat.
(3) Dans ces recueils les noubas malouf sont séparées des noubas de mouachahat. Ces dernières sont, d’ailleurs, les seules qui comptent des pièces contemporaines, voire des noubas entières telle la nouba mouachahate tunisienne en tab’ nahawend composée par Khémaïs Ternane (1894-1964).
(4) Ahmed ibn Yusuf Al-Tifachi (1184-1253) était surtout connu pour ses recherches sur l’hygiène sexuelle ainsi que pour son traité de gemmologie.
La découverte récente d’un manuscrit d’Al-Tifashi donne une explication du développement de la musique andalouse à travers les grands musiciens qui l'ont progressivement transformée. D'après ce manuscrit, c’est Ibn Bajja (Abu Bakr ibn Al-Sāigh, latinisé en Avempace, m. 1138) qui serait le principal acteur de la structuration de cette musique.
Ibn Bajja aurait été le premier à utiliser en même temps les techniques de chant orientales et occidentales. Ce métissage forgera la spécificité de la musique andalouse par rapport à la musique arabe orientale. Al-Tifashi met également en avant l'évolution continue de la musique au cours des siècles, jusqu'à sa structuration en nouba, sans pour autant occulter le rôle primordial de Ziryab (789-857).
(5) L’année exacte de la prise de Constantine par les Ottomans reste, à ce jour, un sujet de discorde entre historiens même si beaucoup la situent en 1525.
(6) ROUANET, Jules : La musique arabe dans le Maghreb ; in Encyclopédie de la Musique et Dictionnaire du Conservatoire ; sous la direction d’Albert LAVIGNAC ; Librairie Delagrave, Paris 1922, pp. 2813 à 2944.
(7) La nouba maya-açl, plus connue sous le nom de layali essourour, du nom de la première pièce mesurée et chantée, a pour chrono thème le lever du jour.
(8) Un tab’ étant comptabilisé à partir du moment qu’il compte au moins une pièce chantée en mesure. La liste n’est, bien entendu, pas définitivement close.
(9) Le tab’ nahawend est surtout présent dans le répertoire haouzi et âroubi sous forme de istikhbarat (improvisations vocales ou instrumentales non rythmées) ou il est souvent mélangé avec le nawa-athar ou bien sous forme de quelques mélodies adoptées par la âla à partir du début du XXe. Quant au rahawi il en subsiste quelques rares pièces disséminées dans la nouba raml-maya.
(10) Emission Laouma houakoum du vend. 06 juin 2003 sur Radio Cirta FM, thématique et co-animation par Hichem Zoheïr Achi.